
La journée, les vasques flottaient dans la double façade de verre dépoli telles des ballons gonflés à l’hélium.
La nuit, elles l’embrasaient par touches entrecroisées, s’inspirant de la pyrotechnie des vers luisants.
Du 29.01 au 26.03.2006, dispersion enveloppa les quatre côtés de la façade de la Kunsthaus Bregenz. L’installation lumière fonctionnait de façon imbriquée avec l’épiderme de verre du bâtiment conçu par l’architecte Peter Zumthor.
200 lampes au total, suspendues dans la structure et réparties derrière les plaques de verre dépoli, transformaient les façades en représentation abstraite aux motifs indistincts en constante modification pendant la nuit.
La plupart du temps, seulement quelques points s’allumaient et s’éteignaient lentement, animé chacun individuellement d’un tempo et d’une incandescence propres. De temps en temps, des petits flashs isolés venaient parasiter le rythme général changeant de la nébuleuse.
En fonction de son intensité, la couleur de chaque lampe variait du rose rougeâtre au bleu violet en passant par le mauve offrant un camaïeu fluctuant à chaque respiration lumineuse dans le verre. Ces modifications semblaient s’effectuer aléatoirement et on ne pouvait noter ou déceler de système logique même en regardant l’installation pendant un long moment.
Celle-ci dégageait une impression d’ensemble de grande vulnérabilité et de vibration sourde, comme au ralenti. A intervalles irréguliers, la façade s’empourprait soudainement, à pleine puissance. C’était toujours un moment surprenant. Diffusant la lumière alentour, l’édifice embrasait silencieusement son environnement par la couleur. Cette illumination était alors perceptible de très loin, des villages voisins et des hauteurs des montagnes environnantes. Les réflexions sur l’eau étaient particulièrement intéressantes, depuis l’autre côté du lac de Constance ou en approchant l’immeuble depuis le port. La population de Bregenz, de la région du Vorarlberg et les visiteurs du KUB apprécièrent l’installation et sa délicatesse énigmatique liée à une tension sous-jacente. C’était le sujet de conversation de la ville et beaucoup auraient souhaité qu’elle reste en place.
Dr Rudolf Sagmeister, commissaire des expositions, Kunsthaus Bregenz.